La tauromachie

La tauromachie est l’art d’affronter le taureau, soit lors de combats, soit lors de jeux sportifs ou burlesques.

Elle se pratique sous diverses formes :

  • la corrida, combat à l’issue duquel le taureau est mis à mort, pratiquée essentiellement en Espagne, dans le midi de la France, dans divers états d’Amérique latine et dans quelques communes du Portugal
  • la corrida de rejón, corrida dans laquelle le taureau est combattu par un cavalier
  • la course portugaise ou corrida portugaise (en portugais, tourada), combat à cheval à l’issue duquel la mise à mort du taureau ne se fait pas en public, pratiquée essentiellement au Portugal et également dans le midi de la France
  • la course camarguaise, sport pratiqué en France, dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Gard et de l'Hérault et dans quelques communes du Vaucluse
  • la course landaise, sport pratiqué en France dans les départements des Landes et du Gers
  • la course de recortadores, sport pratiqué dans le nord de l’Espagne
  • le toreo comique et toro de fuego, parodies de corrida pratiquées partout où cette dernière a lieu
  • ainsi que de nombreuses formes de lâchers de taureaux dans les rues et d'innombrables variantes locales.

La corrida

   La tauromachie, qui implique dans certains cas la mise à mort du taureau en public comme dans la corrida, a une histoire riche en documents et traités, mais l'incertitude demeure sur ses origines.

   Si l'ancêtre du taureau espagnol est connu : l'auroch, sans doute à l'origine de la race du taureau de combat, et dont on trouve des traces dans les fresques des grottes d'Altamira, on ne peut en revanche affirmer que c'est là le berceau de la corrida dont les origines restent opaques. Après avoir relié les pratiques ancestrales des jeux taurins aux rites collectifs ou initiatiques de l'antiquité, les historiens tentent désormais d'en établir les origines, sur lesquelles on ne trouve aucun document avant le Moyen Âge, encore que ces documents soient parfois contestés par les historiens contemporains.

Des historiens, chercheurs, ou écrivains, avaient appliqué à la corrida la notion de cérémonie sacrificielle des rituels antiques, ce qui a longtemps donné lieu à de multiples confusions. Les chercheurs contemporains ont désormais unanimement écarté cette théorie et l'existence d'un quelconque dieu taureau dans la corrida.

   On dispose de documents visuels : peintures anonymes dès le XIVe siècle, et dans les siècles suivants, des suites où les peintres décrivent toutes les phrases de la lidia: (Corrida de toros), La Tauromaquia, La Tauromachie de Gustave Doré, et les peintures tauromachiques d'Édouard Manet, de Marià Fortuny, de E.L.Velázquez, de Picasso, qui permettent de comprendre l'évolution de la corrida.

   On dispose aussi de nombreux traités rédigés par des ecclésiastiques sur la tauromachie à cheval dès les XVIe siècle et XVIIe siècle, suivis au XVIIIe siècle du célèbre traité de « Pepe Hillo » (1796) et de celui de Paquiro en 1836. Cependant l'histoire de la corrida est jalonnée de querelles d'experts, aussi bien sur la question des origines, que plus tard, sur ses véritables héros (Rodrigo Díaz de Vivar), et sur les diverses informations venues de traités réputés indiscutables comme ceux de Pepe Hillo ou de Paquiro, mais qui font également objet de querelles d'experts.

Des données politiques, sans rapport direct avec la corrida, viennent également brouiller son histoire avec des polémiques sur l'appartenance politique et les motivations des toreros, des gouvernants, des citoyens ou des historiens, en France comme en Espagne.


Origine de la corrida

     Les origines de la corrida et son déroulement restent opaques. « Il faut se résigner à l'incertitude. Nous ignorons les origines exactes des jeux tauromachiques dont l'épanouissement fut réservé à l'Espagne. (...) Bien qu'on ne puisse le prouver d'aucune manière, grande est la tentation de croire que la tauromachie espagnole est née tout simplement en Espagne. La présence de nombreux aurochs y est attestée depuis des millénaires. Les peintures rupestres ont valeur de documents irréfutables (…) peintures magdalénienne des grottes d'Altamira (…) peintures néolithiques de Albarracín. » Les fresques d'Altamira et d'Albarracín sont également citées par Robert Bérard  pour souligner la complexité des liens entre culte du taureau et tauromachie, et aussi entre dieu-taureau et taureau de combat.

     D'autres historiens comme Véronique Flanet et Pierre Veilletet soulignent encore la difficulté à dater précisément l'apparition de la corrida dans l'histoire : « Les premières courses de taureaux dont on ait connaissance datent des fêtes royales données Alphonse II des Asturies en l'an 815. On n'en sait pas plus. Il faut attendre le XIIIe siècle pour en savoir davantage du combat lui-même.(...) En revanche, des légendes, des miracles, laissent penser (...) que la tradition tauromachique est déjà bien implantée dans les contrées les plus reculées de la péninsule Ibérique, tant chez la noblesse qu'auprès du peuple. »

Bien que les « jeux taurins » et le culte du taureau aient eu une grande importance dans l'antiquité dans tous les pays du bassin méditerranéen, il semble difficile de lier leur existence avec les pratiques de la corrida espagnole d'après les études de la plupart des historiens contemporains. « Le culte du taureau a existé dans les civilisations méditerranéennes et bien au delà, sous des formes particulières à chacune de ces cultures. Il y eut parfois influences dans les pratiques, mais héritage, non. (…) La corrida est d'autant plus espagnole qu'elle est l'œuvre lente d'un peuple et de ses gouvernants. »

     L'origine romaine de la tauromachie est réfutée dès le XVIIIe siècle par un des premiers chroniqueurs Nicolás Fernández de Moratín dans : Lettre historique sur l'origine et les progrès des fêtes tauromachiques en Espagne écrite à la demande du prince Pignatelli (1777). Après lui, d'autres historiens réfuteront l'hypothèse de l'origine antique « Aucune trace, aucun document n'établit que l'Espagne ait hérité d'aucun peuple son spectacle national. », et surtout de l'origine romaine:« l'apport des jeux romains aux courses espagnoles est vain. »


La corrida du XXI siecle

     Les ouvrages les plus récents ne font état d'aucun changement notable dans le déroulement de la lidia, le costume des matadors, ou l'ensemble des spectacles taurins en général.

     En ce qui concerne le nombre de corridas, les statistiques de 2001 donnent pour l'Espagne : 846 corridas (corridas formelles + corridas mixtes), 670 novillades (piquées et non piquées), 360 corridas de rejón. Pour la France, dans le même ordre : 83, 30, et 16.

     En 2004, on compte en Espagne 810 corridas formelles (exclusivement à pied), auxquelles s'ajoutent 187 corridas mixtes (rejoneo + toreo à pied), 555 novillades piquées, 360 rejoneos. La tauromachie espagnole proposant huit types de spectacles différents, le ministère de l'intérieur ne comptabilise que les spectacles dits "majeurs", c'est-à-dire professionnels, et non les "festejos populares".

     En France, en 2003 (on ne dispose pas des chiffres 2004), on comptait dans le même ordre 89 corridas, 45 novillades et 27 rejoneos, auxquels il faut ajouter 600 courses landaises et 900 courses camarguaises.

     En 2003, le nombre d'arènes permanentes espagnoles était de 558, et de 400 arènes démontables, en France de 270 arènes.

Le seul changement notable dans le toreo des matadors du XXIe siècle est le retour des "capeadors" comme Julián López Escobar « El Juli » qui a d'abord toréé en Amérique latine où l'on privilégie beaucoup cette phase de la lidia. À sa suite, les français Sébastien Castella et Juan Bautista, ont acquis le rang de figura, non seulement en France, mais également en Espagne avec des belles inventions à la cape. Castella a reçu le prix « Cossío » décerné par la Fédération taurine d'Espagne au « Meilleur matador de toros » de la "temporada" 2006.

     Castella s'implique beaucoup dans la défense de la tauromachie comme on l'a observé au début de l'année 2011, en Équateur où il a donné un spectacle gratuit : "La Corrida de la liberté", pour défendre le maintien de la corrida .

     De nombreux jeunes toreros sont apparus à la fin XXe siècle et au début du XXIe siècle sans qu'il soit encore possible de tirer des conclusions définitives sur l'ensemble de leur carrière : Matías Tejela, la mexicaine Hilda Tenorio et bien d'autres encore.